Bruxisme : ce trouble fréquent dont beaucoup de personnes souffrent sans le savoir

Le bruxisme est un trouble fréquent et souvent méconnu, pouvant entraîner douleurs, fatigue et usure dentaire. Cet article fait le point sur ces causes, ses manifestations et les solutions possibles y compris les approches complémentaires, dans un cadre informatif et médicalement rigoureux.

Thomas Beaucher

12/14/20255 min read

Le bruxisme est un trouble encore largement méconnu du grand public, alors même qu’il concerne une part importante de la population adulte. Il se manifeste par le serrement ou le grincement involontaire des dents, le plus souvent pendant le sommeil, mais aussi parfois à l’état d’éveil.

De nombreuses personnes en souffrent sans en avoir conscience, attribuant leurs symptômes à la fatigue, au stress ou à de simples tensions musculaires. Pourtant, les données scientifiques actuelles montrent que le bruxisme peut avoir des conséquences réelles sur la santé bucco-dentaire, musculaire et articulaire, et qu’il nécessite une prise en charge adaptée.

1. Qu’est-ce que le bruxisme ?

Le bruxisme est défini comme une activité répétitive et involontaire des muscles masticateurs, caractérisée par :
• le grincement des dents,
• et/ou le serrement prolongé des mâchoires.

La classification actuelle distingue deux formes principales :

Bruxisme du sommeil
• Survient principalement pendant les micro-éveils nocturnes
• Le plus souvent inconscient
• Potentiellement plus délétère en raison de sa durée et de sa répétition

Bruxisme d’éveil
• Survient pendant la journée
• Souvent associé au stress, à l’anxiété ou à la concentration
• Plus facilement identifiable par la personne elle-même

Source :
Lobbezoo F. et al., Bruxism defined and graded, Journal of Oral Rehabilitation, 2013.

2. Quelle est la fréquence du bruxisme ?

Les études épidémiologiques estiment que :
• 8 à 31 % des adultes présentent des signes de bruxisme,
• une proportion importante ignore être concernée, en particulier pour le bruxisme nocturne.

Cette méconnaissance explique en partie le retard au diagnostic et à la prise en charge.

Sources :
• Lobbezoo et al., 2013
• American Academy of Sleep Medicine (AASM), Sleep-related bruxism, 2020

3. Les causes du bruxisme : une origine multifactorielle

Les connaissances actuelles montrent que le bruxisme ne relève pas principalement d’un problème d’occlusion dentaire, contrairement à certaines croyances anciennes.

Il s’agit d’un phénomène multifactoriel, impliquant plusieurs mécanismes.


3.1. Le rôle du système nerveux central

Le bruxisme du sommeil est aujourd’hui considéré comme un trouble moteur d’origine centrale, survenant lors de micro-éveils nocturnes associés à :
• une activation cérébrale transitoire,
• une augmentation du rythme cardiaque,
• une contraction réflexe des muscles masticateurs.

Source :
Lavigne G. et al., Sleep bruxism: a comprehensive overview, Journal of Oral Rehabilitation, 2008.


3.2. Stress, anxiété et facteurs psychosociaux

De nombreuses études mettent en évidence une association entre :
• stress chronique,
• anxiété,
• troubles émotionnels,
• bruxisme.

Le bruxisme peut ainsi être compris comme une expression somatique de la tension psychique, en particulier lorsque le système nerveux reste en état d’hyperactivation prolongée.

Sources :
• Manfredini D. et al., Bruxism and psychosocial factors, Journal of Oral Facial Pain, 2017
• INSERM, Stress et santé, 2018
https://www.inserm.fr

3.3. Facteurs aggravants reconnus

Certains facteurs peuvent majorer la fréquence ou l’intensité du bruxisme :
• consommation de caféine, nicotine ou alcool,
• troubles du sommeil (insomnie, apnées du sommeil),
• certains médicaments (antidépresseurs, psychostimulants),
• fatigue mentale et surcharge cognitive.

Source :
Mayo Clinic, Bruxism – Causes and risk factors, mise à jour 2023.

4. Symptômes et conséquences possibles

Le bruxisme peut entraîner des manifestations variées, parfois éloignées de la sphère bucco-dentaire.

Symptômes fréquemment observés
• douleurs à la mâchoire ou aux tempes,
• maux de tête matinaux,
• fatigue au réveil,
• raideurs cervicales,
• hypersensibilité ou usure dentaire,
• sensation de pression dans les oreilles ou acouphènes.

Conséquences à long terme
• usure prématurée des dents,
• fissures ou fractures dentaires,
• troubles de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM),
• douleurs oro-faciales chroniques.

Sources :
• Mayo Clinic, 2023
• American Academy of Sleep Medicine, 2020

5. Comment diagnostiquer le bruxisme ?

Le diagnostic repose sur :
• l’interrogatoire clinique,
• l’examen dentaire (usure, tensions musculaires),
• parfois des examens du sommeil (polysomnographie) dans les cas complexes.

Il est généralement posé par un chirurgien-dentiste ou un médecin, parfois à l’occasion de douleurs persistantes inexpliquées.

6. Quelles solutions pour soulager le bruxisme ?

Il n’existe pas de traitement unique et universel du bruxisme.
La prise en charge repose sur une approche globale, progressive et individualisée.


6.1. Protection dentaire
• Port de gouttières occlusales nocturnes,
• Objectif : protéger les dents de l’usure et limiter les contraintes mécaniques,
• Cette approche ne traite pas la cause, mais réduit les conséquences.

Source :
American Academy of Sleep Medicine, 2020.


6.2. Gestion du stress et régulation du système nerveux

Les approches visant à réduire l’hyperactivation nerveuse sont recommandées :
• amélioration de l’hygiène du sommeil,
• techniques de relaxation,
• respiration lente et contrôlée,
• réduction de la surcharge cognitive.

Sources :
INSERM, 2018 ; Manfredini et al., 2017


7. Quelle place pour l’hypnose dans la prise en charge du bruxisme ?

Cadre médical et légal

L’hypnose ne constitue pas un traitement médical du bruxisme et ne se substitue ni :
• à un diagnostic médical,
• ni à un suivi dentaire.

Elle peut toutefois être envisagée comme une approche complémentaire, lorsqu’elle s’inscrit dans une prise en charge globale.


7.1. Hypnose et régulation du stress

L’hypnose est reconnue pour ses effets sur :
• la régulation du stress,
• la diminution de l’hyperactivation physiologique,
• l’amélioration de la réponse émotionnelle.

En agissant sur ces mécanismes, elle peut contribuer à réduire certains facteurs associés au bruxisme, notamment lorsque celui-ci est lié au stress chronique.

Sources :
• INSERM, Hypnose : état des connaissances, 2015
• Jensen M. P. et al., American Psychologist, 2014

7.2. Hypnose et relâchement musculaire

Dans un cadre d’accompagnement, l’hypnose peut favoriser :
• une meilleure perception des tensions mandibulaires,
• un relâchement des muscles masticateurs,
• une diminution de l’inconfort musculaire.

Source :
Montgomery G. H. et al., International Journal of Clinical and Experimental Hypnosis, 2000.


7.3. Hypnose et qualité du sommeil

Chez certaines personnes présentant un sommeil fragmenté, l’hypnose peut contribuer à une amélioration subjective de la qualité du sommeil, élément favorable dans une prise en charge globale du bruxisme.

Source :
Cordi M. J. et al., Sleep Medicine Reviews, 2014.


Conclusion

Le bruxisme est un trouble fréquent, d’origine multifactorielle, pouvant avoir des répercussions importantes sur la qualité de vie. Sa prise en charge repose sur une évaluation médicale et dentaire adaptée, associée à des mesures de prévention et d’accompagnement.

Les informations présentées dans cet article ont un objectif exclusivement informatif et pédagogique.
Les approches de bien-être, dont l’hypnose, peuvent s’inscrire en complément d’un suivi médical, lorsqu’elles sont pratiquées dans un cadre approprié, sans se substituer à un diagnostic, un traitement ou un avis médical.

En cas de symptômes persistants ou douloureux, il est recommandé de consulter un professionnel de santé qualifié.


Sources scientifiques
• Lobbezoo F. et al., 2013 – Journal of Oral Rehabilitation
• Lavigne G. et al., 2008 – Journal of Oral Rehabilitation
• Manfredini D. et al., 2017 – Journal of Oral Facial Pain
• American Academy of Sleep Medicine, 2020
• Mayo Clinic, Bruxism, 2023
• INSERM, Hypnose : état des connaissances, 2015
• Jensen M. P. et al., 2014 – American Psychologist
• Cordi M. J. et al., 2014 – Sleep Medicine Reviews